" La nouvelle guerre contre l'intelligence "

tome III

" Un nouveau programme pour la conscience "

par

Charles-Xavier Durand

avec la participation de

Claude Rifat

Editions François-Xavier de Guibert, janvier 2003, ISBN : 2-86839-800-6, 206 pages


disponible sur les librairies en ligne : www.chapitre.com, www.amazon.fr, www.alapage.com


Après "La manipulation mentale par la destruction des langues" (tome II), Le tome III fournira au lecteur les éléments essentiels lui permettant de comprendre les motivations de ceux qui mènent la guerre contre l'intelligence et la genèse des conditions qui ont entraîné son émergence. L'ignorance, chez l'homme, de la plupart des mécanismes qui déterminent son propre comportement, est à l'origine de son sentiment de liberté. C'est aussi la raison pour laquelle les sociétés ne sont pas conscientes de ce nouveau type de guerre car elles ne répondent à l'agressivité que s'il existe une menace militaire précise. Le socio-biologiste Henri Laborit, avec quelques autres, nous a fourni les clefs essentielles pour comprendre que les actions furtives qui caractérisent "la nouvelle guerre contre l'intelligence" n'ont pas pour autre but que d'établir la dominance d'un groupe sur un autre. Il s'agit d'acquérir et de conserver, le plus longtemps possible, les moyens de commander, surveiller, posséder, contrôler et punir tout autant que de s'enrichir. Chez l'homme, les langages ont permis d'institutionnaliser les règles de la dominance. Celles ci se sont établies successivement au départ sur la force physique puis, à travers la production de marchandises, sur la propriété des moyens de production et d'échange et de celle du capital que ces productions permettaient d'accumuler. Dans la dernière étape d'évolution de toutes les civilisations industrielles contemporaines, cette dominance a été associée au degré d'abstraction atteint dans l'information professionnelle. La recherche de la dominance, qui n'a rien de spécifiquement humain - puisque on l'observe chez tous les mammifères - fut progressivement occultée chez l'homme dans ses apparences les plus primitives, et remplacée avantageusement par la notion de "progrès" qui y rattache un jugement de valeur, le progrès devenant par essence le bien absolu.


Il existe toutefois de nombreux cas où la dominance peut s'établir presque naturellement sur un groupe chez lequel des circonstances particulières - la plupart du temps liées à des aléas de l'Histoire - ont pu faire naître un puissant sentiment d'infériorité. Il est fréquent dans ce cas de constater que le dominé adopte les valeurs du dominant à son propre égard, sans que ce dernier n'exerce une pression quelconque. Le dominé justifiera alors le discours du dominant et, souvent, pourra même faciliter l'action de ce dernier même si elle est à son détriment.


Cette recherche systématique de la dominance que certains groupes humains cherchent à établir sur d'autres serait relativement insignifiante si elle n'entraînait pas une évolution régressive qui met le monde en danger et qui est en passe de détruire beaucoup des acquis des civilisations que la terre a connues jusqu'à présent. Il est facile de montrer que la mondialisation n'est qu'un mécanisme qui permet à certains groupes et certains pays de parvenir à la dominance par le truchement du commerce mais, dans ce processus, elle entraîne un fantastique gaspillage de ressources et l'apparition de très sérieuses tensions par le fait même qu'elle met en compétition tout le monde avec tout le monde pour l'accès aux mêmes ressources. Ses objectifs uniformisants sont à l'opposé de ceux du monde vivant qui, au contraire, tend à une diversification maximale des espèces et des cadres de vie. Elle est donc écologiquement délétère et, en exacerbant les rivalités, elle pourrait facilement susciter de nouvelles guerres entraînant des destructions physiques considérables. Sur le plan culturel, la mondialisation nivelle par le bas, puisque elle ne met en exergue que ce qui nous est commun à tous, c'est-à-dire ce qui est de nous-mêmes le moins intéressant, et elle tue efficacement la créativité qui est étroitement associée aux spécificités des diverses cultures.


Le tome III présente dans le détail une bonne partie des techniques offensives de la guerre contre l'intelligence et explique pourquoi elles réussissent. Ces techniques visent à reprogrammer le cerveau de l'adversaire pour qu'il accepte naturellement et par lui-même la volonté de son agresseur, ce qui est très économique puisque cela dispense ce dernier de l'obligation d'une conquête armée. C'est avec effroi que l'on prend conscience des buts et de l'efficacité des résultats. C'est ainsi que le tome III démontre, preuves à l'appui, qu'un vaste mouvement de recolonisation est actuellement à l'œuvre. Cette recolonisation ne vise plus spécifiquement les pays sous-développés mais aussi les pays industrialisés. La seule différence par rapport au passé n'est qu'un changement de langage. C'est ainsi que les missions dites "humanitaires", la "coopération économique", les prêts pour favoriser le "développement", "l'aide" à l'éducation ne déguisent souvent qu'une prise de direction des leviers de commande des pays qui en sont la cible. La mondialisation des échanges masque en fait une volonté de ligoter certaines populations par la création de liens les rendant dépendants économiquement, politiquement et idéologiquement, et cela en permanence. Les règles de libre-échange sont présentées comme universellement "libérales" alors que leur promotion n'a pour but, pour les marchands, que de contraindre les autres à jouer d'après des règles que ces derniers n'ont pas écrites et qu'ils ne pourront jamais maîtriser à leur avantage. La mondialisation a largement favorisé les classes qui tiennent les rênes de l'économie en mettant en concurrence les travailleurs des pays développés et sous-développés. Les crises économiques ont permis de faire main basse sur le potentiel productif de nombreux pays par le biais de la finance internationale. Ce résultat remarquable a été rendu possible par une propagande massive qui a suscité l'acceptation généralisée des règles écrites par ceux qui mènent l'offensive dans la nouvelle guerre contre l'intelligence.


Le nouvel ordre mondial est, à bien des égards, très inquiétant, mais il ne se met en place que très graduellement. Là encore, les faits puisés dans l'histoire contemporaine et la réalité quotidienne, et qui viennent étayer puissamment les thèses développées dans le tome III, désamorcent tout préjugé sur le caractère des propos qui y sont tenus et qui pourraient paraître, a priori, fantaisistes pour certains. Des réactions sont déjà nombreuses : manifestations anti-mondialisation, identification et mise en accusation de ses principaux acteurs, dénonciation de la propagande officielle, débat sur les langues, identification et remise en question des hégémonies et des privilèges non mérités, propositions visant à diminuer la dictature financière des affaires économiques, revendications sociales… Il est probable que les prochaines années verront la coalescence des forces d'opposition en des mouvements parfaitement structurés et motivés par une pensée cohérente similaire à la démarche présentée dans le tome III.


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Présentation du tome III